Le forró (à prononcer en soufflant les r et en gardant la bouche bien ouverte sur le ó final) est une musique traditionnelle et une danse du Brésil. Mais c’est aussi et surtout cette grande fête qu’est le bal avec toute sa dimension sociale.
Aussi lorsqu’on parle de forró il est difficile de dissocier ces trois parties qui ont évolué en même temps depuis plus d’un siècle.
Les origines
Le forró est né au nord-est du brésil (Nordeste). Il est issu des nombreuses fêtes de village de cette région rurale, et plus particulièrement des festas juninas (ou « de São João » : de la Saint-Jean).
Une idée reçue voudrait que son nom soit issu de l’américain « for all » (pour tous). Mais il est plus probable qu’il soit dérivé du mot familier brésilien « forrobodó » que l’on peut traduire par « confusion » ou « pêle-mêle ». C’est dans la région montagneuse d’Araripe qu’il prendra le nom de forró pé de serra (ou « no pé da serra » : au pied de la montagne). Si bien que c’est encore ce nom que l’on donne aujourd’hui au forró traditionnel.
A l’origine, le forro se danse au brésil avec des pas simples et qui différèrent d’un endroit à l’autre. Toutefois ont peu s’accorder sur un pas de base « originel », ancêtre des nombreuses variantes qui ont suivi. C’est un pas « en carré » où les pieds changent de ligne avant de se joindre avec un glissé.
Les instruments du forró sont alors le triangle, l’accordéon et la zabumba (gros tambour plat), parfois accompagnés d’un pandeiro (sorte de tambourin).
Les forró(s)
Plusieurs sous-genres musicaux vont se démarquer, popularisés par des artistes emblématiques qui vont donner ses lettres de noblesses au forró.

Ainsi, il convient de désigner le forró comme un ensemble de genres musicaux dont font partie :
- Le xote (prononcer « chotch ») au rythme le plus lent et dont les racines mélangent les influences des esclaves venus d’Afrique et la scottish des colons européens. Il se danse simplement avec deux pas d’un côté et deux pas de l’autre : « dois pra lá, dois pra cá ».
- Le baião (prononcer « bayan ») plus rapide, a été démocratisé par Luiz Gonzaga surnommé le « rei do baião » (roi du baião) qui a permis au forró de se diversifier. Il se danse de manière plus sautillante, moins ancré dans le sol, et les partenaires sortent souvent de la position d’abraço pour effectuer des tours.
- Le genre musical forró plus rapide encore, qui a aussi été popularisé par Luiz Gonzaga et Dominguinhos.
- L’arrasta-pé, si rapide qu’il se danse en deux temps contrairement aux autres genres qui se dansent en quatre temps. C’est aussi sur ces chansons que l’on pratique les quadrilha, sortes de farandoles.
Les évolutions
Vers la danse latine
Dès les années 1940 le forró se danse un peu partout au Brésil. Il se disperse au gré des paysans qui fuie la sécheresse du Nordeste. Mais c’est au début des années 1990 que le groupe Trio Virgulino le rend populaire dans les grandes villes. C’est alors qu’il connait tout particulièrement un franc succès dans les universités où les étudiants s’approprient cette danse. Ils y ajoutent des composantes de danse latine comme le pas mambo et les passes de la salsa. Et aussi d’autres danses comme les changements de bras du rock. C’est ainsi que nait le forró universitário. Parmi ces étudiants, se formeront de nombreux groupes contemporains comme Falamansa ou Bicho de Pé (dans sa formation d’origine avec Janaína Pereira au chant). Des instruments plus modernes sont maintenant utilisés : batterie, guitare, basse…
Cela ouvrira plus tard la voie au forró eletrônico, dans les années 2010 lors de la démocratisation de la musique numérique. Le forró quitte alors les bals pour devenir plus spectaculaire et s’éloigner des traditions.
Retour aux origines
Plus récemment encore, un nouveau style de forró se propage au Brésil. Et plus timidement en Europe, où le forró universitaire reste le plus répandu : le forró roots (racines en anglais). Il tire son nom d’un retour vers des musiques plus traditionnelles. Mais aussi de pas de danse plus axés sur les jeux de pieds, plus ancrés au sol. Avec des mouvements glissés, circulaires ou croisés, plus proches des pas d’origines.
Ce sont toutes ces évolutions, qui font du forró une danse du Brésil où tout le monde se sent rapidement à l’aise. Les danseurs venant d’autres horizons y retrouvent des mouvements familiers. Et les nouveaux danseurs pour qui le forró est un bon début pour découvrir les joies de la danse.
Le bal
Que la musique soit jouée par des musiciens ou un appareil. Que l’on danse sur une place de village ou dans une discothèque. Au bal on est entre amis. On y écoute de la bonne musique et on y danse beaucoup certes. Mais c’est surtout l’occasion d’y retrouver les gens qu’on aime pour partager de la joie avec eux. Au gré de ces échanges, et des moments de grâce que seule la danse procure, tous les forrozeiros (les danseurs de forró) finissent par devenir amis.
En bal, les débutants côtoient les plus aguerris, qui n’hésitent pas à prendre le temps d’expliquer les pas et passes. Les cavalières invitent autant que les cavaliers, les rôles pouvant parfois s’inverser, y compris pendant une danse. Et même si vous n’osez pas inviter, il y aura toujours quelqu’un pour s’apercevoir que vous attendez depuis trop longtemps sur le bord de la piste. Chaque partenaire vous fera découvrir une façon différente de danser le forró. Autant d’expériences où vous puiserez vos inspirations. Pour se laisser envahir par la musique et l’interpréter avec son/sa partenaire. Tout en s’insérant avec respect dans le flot des autres danseurs. Prenez garde si vous croisez un bal forró, vous aurez du mal à le quitter.
Le forró hors du Brésil
Cela fait déjà un bon moment que le forro ne se danse pas qu’au Brésil.
Il arrive en France en 2006 à Paris où des cours, des bals, puis un festival se mettront en place.
Dans les années suivantes, il se diffusera dans le reste de la France : Bordeaux, Lille, Marseille, Nantes, Nice, Toulouse…
Le forró est présent dans les évènements de danse latine, comme à Marseille, mais aussi Nice.
Grâce à son côté populaire ancré dans les traditions, il se fera aussi une place dans le monde des bal trad’ (ou folkloriques) européens. On peut même danser le forró au Grand Bal de l’Europe.
Il est aussi très présent partout en Europe :
Source : Forrozin Freiburg et Google. Merci de laisser un commentaire si vous tombez sur un lien mort, ou si vous voulez être ajouté.